Drawing machine

Dessin
« De temps en temps, pourtant, on devrait se demander où on (en) est : faire le point : pas seulement sur ses états d’âme, sa petite santé, ses ambitions, ses croyances et ses raisons d’être, mais plutôt par rapport à un lieu ou à un être auquel on pense, ou auquel ainsi on se mettra à penser. » Georges Perec, Espèces d’espaces, Paris, Galilée, 1974.

Se demander où on est. Où on en est. Cette double question posée par Perec nous dit aussi le lien qui unit la définition d’un lieu ou d’un territoire et son mode d’existence. S’interroger sur sa localisation par rapport à un lieu, un événement, une chose ou un être et mettre ainsi sa vie en perspective, en mouvement. Afin de créer de la mobilité qui ne soit pas seulement que physique mais aussi intérieure. Le point de départ de ce projet que j’ai souhaité développer est à l’image même du dessin, qui est d’être en perpétuel devenir. « Faire, défaire, refaire » était la définition que donnait Giacometti du dessin au travail. La proposition que je formule se trouve en écho avec cette idée de l’oeuvre infinie, conférant
au dessin la possibilité d’être un espace et un temps d’expérience de pensée visuelle. En transformation constante, le dessin s’invente un territoire aux contours toujours mouvants et élargis, au-delà même de ses marges... S’intéresser au paysage cela permet de mêler les échelles, du corps au monde et par ce biais cela sous tend plusieurs questions comme celle de l’espace qui est entre les hommes, avec la problématique de la distance entre les choses et les hommes. Comment créer des liens ou comment au contraire créer des distances ? On fait corps avec la terre. Il y a un enracinement une manière de se poser par terre sur le sol qui est importante. On senfouit, on disparait d’une certaine façon car nous sommes au bord du champ visuel et non pas en lui. Et donc c’est une manière de disparaitre et de devenir intégralement le regard que lon essaye d’être.

Ainsi j’ai souhaité prolonger mes recherches et expériences autour du dessin en poussant les limites de celui ci avec la mise en place et la création d’un dispositif d’enregistrement et de représentation, une machine à dessiner l’espace et le temps. Qui est déterminée par le lieu où elle est faite pour fonctionner. Cette machine se présente sous forme d’une boîte (un cube) sensible, recouvert de miroirs sur ses 6 faces extérieures et qui ramène les mouvements, les promenades ou les vibrations du monde extérieur à l’échelle d’un tracé. Un parcours ponctué des allers et venues que j’ai effectué, tel un marcheur artistechercheur dans les paysages de la Bamarang Nature Reserve. Le résultat est l’histoire graphique du voyage qui s’est faite en cours de route, dans l’espace du paysage. Les dessins sont les évènements de la vie réelle du voyage ramené à l’échelle d’une carte, sur laquelle aura été préalablement tracé le parcours réel que j’ai effectué pendant ce voyage.